- Les reliures d'Isabelle Rollet -
Les papiers dominotés
La dominoterie apparaît en France à la fin du XIVe siècle. Issue de la gravure sur bois, elle est utilisée pour diffuser des images religieuses et profanes à la population ne sachant pas lire et n’accédant pas aux livres.
Une planche d’arbre fruitier est gravée en creux de façon à ne laisser en relief que le motif. Celui-ci est enduit d’encre noire avant d’être imprimé sur une feuille de papier chiffon tel un tampon. La coloration du décor se fait à la peinture grâce à des pochoirs, chaque couleur nécessitant le sien. Ce procédé engendre la plupart du temps un léger décalage entre le motif imprimé et les couleurs.
À partir du XVIIe siècle, les dominotiers délaissent l’imagerie au profit de formes géométriques et florales purement décoratives. Leurs papiers, très à la mode, servent à décorer les objets, à doubler l'intérieur des meubles et même, avec d’habiles raccords, à tapisser les murs des habitations. Ils recouvrent également les reliures mais surtout les livres brochés, car au XVIIIe siècle le nombre croissant de livres imprimés ne permet plus de tous les relier en cuir. Beaucoup sont seulement cousus puis recouverts par une feuille de papier dominoté.
L’apparition du papier marbré en reliure et celle du lé de papier peint en ameublement ont raison des dominos qui disparaissent dans les années 1830. Aujourd’hui seul l’atelier Antoinette Poisson situé à Paris pratique ce savoir-faire.