- Les reliures d'Isabelle Rollet -
Histoire de la reliure
• La reliure apparaît vers le IIe siècle après Jésus-Christ, lorsque ce support de l'écriture devient carré; le codex. Un fil de couture assemble désormais les feuillets pliés les uns dans les autres qui constituent le livre. À partir du VIe siècle la couverture est décorée de compositions géométriques tracées sur le cuir humide.
• Mais c'est au Moyen-Âge que la reliure devient un art. Le verbe relier vient du verbe lier, ligare en latin. Il apparait dans la seconde moitié du XIIe siècle. Toute l'activité intellectuelle et artistique est concentrée dans les monastères. Le moine chargé de la reliure est appelé le ligator. Le livre est cousu sur des nerfs de bœuf créant des épaisseurs sur le dos de la reliure et fixant des plats en bois recouverts de peau (truie, cerf, âne…). Les couvertures sont estampées de fleurons (en bronze) chauds laissant une trace en relief. Avec l'apparition du carton et du papier au XIVe siècle puis de l'imprimerie en 1455, le livre devient plus petit, moins épais ce qui permet à la reliure de s'affiner. Les livres imprimés avant 1500 sont les incunables.
Les sources convergent pour établir la naissance de l'écriture à Sumer en Mésopotamie (Irak) vers 3500 ans avant Jésus - Christ. Des signes pictogrammes sont alors tracés sur de petites tablettes d'argile humide au moyen d'un roseau taillé en
pointe. Ils sont remplacés par l'écriture cunéiforme vers 3300 avant Jésus-Christ. Durant toute l'Antiquité, le livre se présente sous forme d'un rouleau de papyrus ou de parchemin (cuir obtenu par le tannage de peau d'animal) enroulé autour d'un bâton, c'est le volumen.
• À la Renaissance, le grand changement technique est le grecquage qui consiste à entailler le dos des cahiers à la scie pour y loger la ficelle de couture et obtenir ainsi un dos lisse. Des innovations décoratives voient le jour avec l'utilisation de feuilles d'or et de fleurons italiens à motifs de petites feuilles réalisant une empreinte en creux et permettant des réalisations somptueuses comme les décors à la fanfare.
• Dès lors, le principe fondamental du montage de la reliure reste le même. Au XVIIe siècle, les cuirs utilisés sont des peaux de chèvre et de veau. La marbrure (inventée au Japon au XIIe siècle) est utilisée pour les papiers de garde avec des motifs dits à peigne. Les décors dorés fleurissent sur les dos, ils sont réalisés à partir de fleurons composés de petits points. Les plats s'ornent de riches compositions avec, entre autres, les décors à la Du Seuil, à l'éventail et les reliures royales.
• Les reliures du XVIIIe siècle affichent des caractéristiques semblables. Les papiers marbrés sont à motif coquillé. Les reliures royales, à la dentelle, aux armoiries, à la grotesque proposent des réalisations de grande qualité. Devant le nombre grandissant de livres imprimés, certains sont reliés de façon plus ordinaire, sans décor, alors que d'autres sont simplement brochés (cousus et recouverts de papier).
• Au XIXe siècle, la reliure à dos brisé devient une règle: le cuir n'adhère plus au dos du livre, une bande de carte fait l'intermédiaire, c'est le faux-dos. Il évite au cuir de se fendre et offre au livre une meilleure ouverture. La préférence pour les cuirs va vers le veau et le maroquin (chèvre). Les papiers marbrés sont cailloutés, coulés ou ombrés et font leur apparition sur les plats créant la demi-reliure. Les décors suivent les courants Empire et Romantique de l'époque. La reliure industrielle, permettant de relier les livres par grandes séries, fait son apparition dans la seconde moitié du siècle.
• Il faut attendre le XXe siècle pour qu'une transformation radicale du décor s'opère : l'utilisation des fleurons est bannie pour laisser place à des compositions mêlant des filets dorés, des mosaïques et l'inclusion de matériaux insolites comme le métal, le bois, la nacre voire le plastique. Les décors sont Art nouveau, Art-déco, surréalistes, abstraits... Plus qu'une simple expression esthétique, la couverture de la reliure peut alors suggérer le texte.
• Bénéficiant depuis d'une grande liberté de création décorative, les relieurs du XXIe siècle orientent leurs recherches vers de nouvelles structures de montage. Celles-ci visent à assurer aux ouvrages une bonne ouverture, une protection efficace en leur garantissant une conservation à long terme sans exclure l'aspect créatif sur les couvertures. Nombreuses, offrant une infinité de déclinaisons, elles se nomment reliure tressée, à structures croisées, à mors ouvert, à charnières piano, à la japonaise, criss-cross...
• Les changements techniques et physiques qu'elles induisent sont considérables : les rubans passent sur les plats pour les décorer, les coutures deviennent apparentes, le fil peut être remplacé par une tige métallique, la colle n'est plus nécessaire pour maintenir les cahiers, le dos reste plat...
• Une importance particulière est apportée au choix des matériaux de couvrure. Les plats sont en bois, plexiglass, polycarbonate, métal, tissu, cuirs fantaisie (perche, autruche, grenouille...). Lorsqu'il s'agit de cuir traditionnel, les effets de matière sont recherchés grâce au ponçage, au déglaçage, à la teinture, aux empreintes...
• Métier d'art par excellence (puisqu'alliant technicité et création), la reliure, au fil des siècles, n'a eu de cesse de se modifier en suivant les innovations techniques, les courants artistiques et les idées de son temps.
• Aujourd'hui, bien qu'étant devenue une activité discrète, elle est toujours synonyme de recherches, de dynamisme et d'évolution.
Mais que font-ils?
Elle coud le livre. Elle a tout d'abord tendu les ficelles qui servent de support à la couture sur le cousoir. Puis elle prend les cahiers du livre un par un, passe dans chacun son aiguillée de fil de lin en entourant les ficelles afin de les coudre entre eux.
La couture a pour but d'assembler les cahiers les uns aux autres mais également de donner de l'épaisseur au dos du livre (grâce à la grosseur du fil) ce qui permettra de l'arrondir.
Il arrondit le dos du livre au marteau sur le tas à battre. C'est la première étape de l'endossure.
Il positionnera ensuite le livre dans l'étau à endosser et toujours avec son marteau, il couchera les cahiers sur les mâchoires de celui-ci.
Il formera ainsi le dos du livre mais également les mors, les angles dans lesquels viendront se loger les cartons.
Il rogne la tête du livre. Il l'a placé dans l'étau à rogner en lui laissant dépasser la tranche de tête. Il passe le fût à rogner muni d'une lame progressivement sur la tranche afin que le papier soit coupé bien net et que la tranche soit parfaitement lisse.
Il presse les livres. Il a monté une pile de livres dont la reliure est terminée. Ils sont séparés par des ais de bois et sont serrés dans la presse à percussion. Ils vont rester ainsi toute une nuit, c'est la pressée de finition, la dernière opération.